Boris James propose d’étudier la construction et la reconstruction d’un discours nationaliste ou différentialiste kurde en Syrie dans le cadre du conflit. En effet, la position politique et militaire hégémonique qu’occupe aujourd’hui la branche syrienne du PKK, le PYD, dans une grande partie des régions kurdes laissent à penser que le projet nationaliste kurde de Syrie a atteint un niveau élevé de cohérence voire un aboutissement. Or, l’intégration d’autres populations des régions kurdes et au-delà (tribus arabes, Assyriens, Turkmènes, etc.), la compétition avec les mouvements kurdes de Syrie rivaux qui encadrent les réfugiés installés dans la région autonome du Kurdistan d’Irak ainsi que la projection de l’action idéologique et stratégique du PYD/PKK contre la République de Turquie, tout ceci entraîne la mise en place d’un discours plus polymorphe de la part des acteurs kurdes syriens. Dans quelle mesure ce discours bat en brèche l’idée de l’établissement imminent d’un Kurdistan de Syrie autonome ou indépendant ? Il s’agit d’étudier les éléments discursifs mis en avant dans les dispositifs d’instruction des populations ou des cadres kurdes syriens en Syrie, Turquie et Irak notamment à travers les programmes d’histoire des manuels scolaires proposés par les partis politiques (PYD, CNKS) et les acteurs semi-étatiques de la région autonome du Kurdistan d’Irak (GRK). Ces manuels entrant en résonnance avec les livres scolaires des états centraux syriens et irakiens ainsi qu’avec les productions historiques locales ou orientalistes, ce travail a une forte portée comparatiste. Il tentera d’appréhender les représentations historiques, sociales et politiques produites à l’origine d’un imaginaire kurde syrien commun ou clivé.
Boris James studies the construction and reconstruction of a Kurdish nationalist or differentialist discourse in Syria during the current conflict. Indeed, the political and military hegemonic position held today in the Kurdish regions by the PKK Syrian branch, the PYD, suggests that the Kurdish nationalist project in Syria has reached a high level of coherence or even its culmination. However, the integration of other populations in the Kurdish regions (Arab tribes, Assyrians, Turkmen, etc.), the orientation of the PYD/PKK ideological and strategic action towards the Republic of Turkey, as well as the competition with Kurdish Syrian rival movements that monitor the refugees based in Iraqi Kurdistan, all this contributes to a more polymorphic discourse on the part of Syrian Kurdish actors. To what extent this discourse ultimately undermines the notion of the imminent establishment of an autonomous or independent Syrian Kurdistan? This study focuses on elements of narratives put forward in the educational systems of Kurdish populations or party cadres in Syria, Turkey and Iraq, especially in the history curricula developed by the political parties (PYD, KNC) and semi-state actors in the Iraq’s Kurdistan Regional Government (KRG). As the relevant schoolbooks resonate with the ones used by the central states or with the local and orientalist historical productions, the study is also conducted from a comparative perspective. The research will seek to enhance our understanding of the historical, social and political representations produced at the source of a Kurdish Syrian common or cleaved imagination.